Ethon Dusk, à la tête de Mars-X, imagine une Mars organisée en territoires autonomes et spécialisés. Inspiré par les idées libertariennes, il mise sur un réseau autoroutier innovant et des spatiodromes pour révolutionner la logistique et les opportunités d’affaires sur la planète rouge. Découvrez cette vision audacieuse du futur interplanétaire.
Dans un article précédent, j’envisageais une Savoie libre où une entreprise reprendrait le réseau autoroutier hérité de sa séparation de la France. Les autoroutes y existaient, puisque l’état les avait imposées à ces vallées, à son époque. Mais lorsque Space-X, ou autres entrepreneurs, commencera à nous emporter sur Mars, puis bien plus loin, verrons-nous des autoroutes y fleurir ?
Le décollage s’est bien passé, le grand voyage est devant lui. Ethon Dusk vient d’être mis à la tête de la filiale de Mars-X développant les activités sur la Planète Rouge, promises à un boum. Il a été choisi parce que pour lui, les choses sont claires, son projet a convaincu. Cette aventure est l’occasion pour les Hommes désormais civilisés, ayant enfin tiré les leçons du XXe siècle si barbare, d’organiser ce nouveau monde en une mosaïque inspirée des « 1000 Liechtenstein » chers à Hoppe et aux libertariens. Pour la Liberté, certes, mais aussi pour les affaires ; tout le monde y gagne. Un de ses enjeux porte sur l’exploitation des marsmobiles et l’organisation d’un réseau pour leur circulation, essentiel pour toute la logistique et la liberté de mouvement nécessaires aux nouvelles populations.
Arrivés sur Mars, comment les Hommes peuvent-ils s’organiser en mosaïque ? Pour Ethon, les choses sont claires : très vite, dès que le nombre de résidents dépassera quelques milliers, un besoin toujours plus important de transport sur moyennes distances se fera jour. On ne peut pas tout concentrer en un point. Par exemple, il faudra des usines et des usines, ça prend de la surface. De plus, sa stratégie est limpide, la mosaïque va avec l’idée d’entreprises propriétaires de leur territoire (ou de « rois-entrepreneurs »), offrant des services de résidence aux habitants qui les auront choisies. Ethon sait qu’il doit regarder loin pour investir au mieux : Quid des besoins des industries en services de bâtiments et de réseau logistique depuis et vers le monde ? Quid des besoins d’organisation du sol et de la logistique là où des gisements miniers se feraient jour sur la nouvelle planète ? Quid des besoins d’hébergement hôtelier et de transport pour de grands espaces de loisir ?
Il sait qu’étant donné la tendance naturelle à la division du travail et à la spécialisation, les nouveaux territoires de la mosaïque eux aussi devront se spécialiser. Au fur et à mesure de leur mise en place (la mosaïque et le positionnement business de chaque territoire), chacun aura tendance à se spécialiser vers un profil plus marqué. Le premier vers la résidence, par exemple, cet autre plus vers l’industrie, cet autre ira vers les loisirs. Son pari, c’est que certains territoires seront exclusivement dédiés aux transports. On imagine facilement un territoire spécialisé sur le résidentiel, c’est l’équivalent d’un village. Un territoire industriel correspond à une « zone industrielle », là où la fourniture d’énergie doit être plus adaptée à une forte consommation. Mais un territoire de services de transports ? À première vue, c’est moins naturel. Pourtant, il y croit, il sent une opportunité.
D’abord un, voire des spatiodromes. Ce doit être la marque distinctive d’Ethon Dusk. Earth-X, ce petit territoire où s’organise le « pont aérien » devenu « pont spatial » entre Mars et la Terre, a vocation à évoluer vers l’équivalent d’un aéroport desservant les autres aéroports qui se mettent en place tout autour de la Planète Rouge. Beaucoup de ces spatiodromes sont d’ailleurs en concurrence avec Earth-X, surtout celui qui s’est installé sur Olympus Mons, pour profiter de ses 25Km d’altitude.
Mais comment rejoindre les spatiodromes ? Voilà où trouver la vache à lait qui fera le succès d’Ethon, pense-t-il. Il réfléchit à trois offres d’autoroutes, la highroad, la beltroad et la longroad. Il mise sur la dernière, qui servira à véhiculer la bauxite trouvée au fond du lointain cratère Tikhonranov. Le flux régulier des marstrucks lui fournira les fonds réguliers pour financer ses voies à plus haut rendement.
Avec le concept de la highroad, il compte installer peu à peu son réseau un peu partout, au fur et à mesure que la demande de circulation augmentera. La highroad est une voie sur pilotis, à quinze mètres de haut en moyenne. Chaque fois qu’un territoire commence à être densément occupé, il vient proposer et il négocie avec les propriétaires un tracé, une hauteur, des conditions financières qui aboutissent à une voie traversière, sans détruire aucune propriété privée. Il dispose même d’une solution où ses routes sont noyées au cœur d’immeubles qui serpentent à travers le territoire hôte.
Enfin, la beltroad vient compléter la highroad. Il les a pensées comme une toile d’araignée se fondant au sein d’un territoire. Alors que les highroads tissent un maillage, les beltroads sont au sol, plus larges, plus droites, plus rapides, mais en périphérie. Pour les installer, il doit s’approprier le sol en avance de la croissance des villes, avant que le sol soit déjà pris ou trop cher. De plus, les beltroads sont reliées entre elles, elles forment un maillage plus vaste, qui assure les transports rapides de moyenne distance. Les beltroads, ce sont les investissements les plus chers, pour Ethon Dusk. Mais leur offre d’un trafic plus rapide lui permet de vendre plus cher ses droits d’usage. Son catalogue est entièrement conçu pour que ces autoroutes canalisent de plus en plus de trafic. Avec consentement.
Le téléphone sonne. Son rendez-vous est arrivé. Il y a une nouvelle mine à connecter à son réseau…