La criminalité est-elle une fatalité ?

Par , Le 18 octobre 2024 (Temps de lecture estimé : 6 min)

La criminalité est-elle une fatalité ou un accident ponctuel ? Dans une société libre où la propriété est respectée, les individus trouvent des solutions aux agressions. Mais sous l’État, la criminalité devient structurelle, un cycle imposé qui freine l’innovation et perpétue la dépendance.

criminalité

Dans une société libre où le droit de propriété est respecté, il n’y a plus de problème d’immigration en tant que problème social parce qu’il n’y a plus que de la libre invitation (immigration voulue par les propriétaires sur leur terrain et pas celui des autres). Bien-sûr il peut y avoir des tentatives d’invasion çà et là (le risque zéro n’existe pas) mais dans ce cas il s’agit de phénomènes accidentels. L’agression (qu’elle soit le fruit d’un seul squatteur ou d’un groupe de nomades brigands) n’est pas l’état normal de la société, c’est un accident qui arrive de temps à autres mais tout le monde est conscient qu’il s’agit ici d’une situation anormale. Et vu que ce genre d’événement est considéré comme anormal dans une société libre attachée à ses droits de propriété, si les individus sont capables d’identifier le problème et de se donner les moyens économiques de le résoudre, on verra de plus en plus la criminalité ambiante baisser.

 

Pour faire une comparaison, imaginez que vous viviez dans une région où il y a souvent des inondations qui détruisent de temps en temps vos récoltes. Il s’agit d’un problème lié aux caprices de la nature. Mais néanmoins vous avez une marge de manœuvre : l’homme est capable de comprendre les lois de la nature et ensuite de les exploiter grâce à sa créativité. Ce qui fait que cette situation n’est pas une fatalité : dans le futur, si vous vous creusez les méninges et faites le taff qu’il faut faire, vous pourrez apprendre comment faire une digue et la construire. Ainsi vous diminuez le risque des inondations, vous augmentez vos gains de productivité, vous accumulez plus de richesses et vous diminuez votre préférence temporelle* puisque vous pouvez désormais vous projeter plus loin dans l’avenir, n’ayant plus à vous soucier de ces problèmes d’inondation et pouvant désormais vous asseoir sur votre épargne. C’est ce cercle vertueux qu’on appelle le capitalisme.

 

Le problème de la criminalité dans une société libre sans état monopoliseur est analogue. Imaginez que vous viviez dans une région où il y a une assez forte criminalité de base. Vous êtes capable d’identifier ce problème et donc vous allez, par votre créativité et votre travail, trouver des moyens économiques pour pouvoir vous défendre contre cet aléa de l’environnement. Vous allez construire des murs ou vous armer pour défendre votre propriété, ainsi comme pour le problème des inondations vous allez petit à petit diminuer votre souci de criminalité ambiante et avoir du temps libre pour vous consacrer à autre chose de plus productif, même cercle vertueux. Après la comparaison entre catastrophes naturelles et « catastrophes criminelles » s’arrête là puisqu’il y a des différences, par exemple plus vous êtes riche plus vous allez attirer les voleurs, ce qui n’est pas le cas avec les catastrophes naturelles (ce n’est pas votre niveau de richesse qui va attirer tendanciellement plus d’inondations sur votre propriété) donc ça fait ici une différence au niveau de comment gérer les frais d’assurances mais c’est un autre sujet.

 

Maintenant que se passe-t-il quand il y a un état qui monopolise l’usage de la violence et impose une taxe dont le prix est décidé unilatéralement par l’état sans demander le consentement de la population ? Dans un tel environnement social, l’agression n’est plus un phénomène accidentel mais structurel. L’état, ce n’est pas un simple cambrioleur que vous avez eu la malchance de croiser dans votre vie. C’est un cambrioleur qui est « greffé » en permanence sur votre génération de richesse économique. Dès que vous allez envisager de gagner de l’argent, produire de la richesse, vous partirez de base avec un malus qui vous dit « quoi que tu fasses, x% de ta richesse te sera retiré et tu dois l’accepter ». En gros, pour revenir à l’exemple des inondations, c’est comme si vous aviez zéro marge de manœuvre pour vous en prémunir, une sorte d’inondation divine qu’aucune innovation technologique ne pourra stopper. Dès lors, vous envisagez ces pertes structurelles comme un allant de soi, une fatalité. Vous n’allez pas chercher à vous en défaire, l’état est une nécessité, on doit faire avec les impôts, c’est comme ça.

 

Ce qu’il y a de profondément pervers dans un tel système c’est que ce n’est pas simplement le niveau de préférence temporelle qui est affecté (qui je le rappelle ne fait que diminuer en temps normal quand on laisse les hommes faire et trouver des solutions techniques/économiques à leurs problèmes) mais l’ordre de préférence temporelle. Hoppe en parle dans le chapitre 1 de son Démocratie, il y montre un schéma expliquant la différence entre deux courbes d’ordre de préférence temporelle qui chacune diminuent naturellement mais pas depuis la même « hauteur ». La courbe de diminution de la préférence temporelle dans une société libre part de plus bas que celle d’une société étatique. 

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La courbe T1 représente l’ordre de préférence temporelle sous étatisme, la courbe T2 représente celle sans étatisme

 

Et c’est pour ça qu’on dit qu’en temps normal (société libre) la criminalité n’est plus un problème social : elle diminue naturellement, parce qu’on est capable, grâce à notre conscience, d’identifier ce problème et de le résoudre (ou au moins diminuer de plus en plus le taux de risque). A contrario, l’état, s’il est accepté de facto dans la tête des gens comme une fatalité, s’impose comme un allant de soi ineffaçable, pas un accident dont on peut se prémunir. L’état industrialise le crime. C’est là toute la différence entre un problème accidentel et un problème structurel.

*La préférence temporelle désigne la préférence que vous avez pour un objectif par rapport au temps nécessaire à l’atteinte de cet objectif. Si vous préférez un objectif sur du court terme, on dit que vous avez une grande préférence temporelle. Si vous préférez un objectif sur du long terme, situé loin dans le temps, on dit alors que vous avez une faible préférence temporelle. Les gens ayant une grande préférence temporelle préfèrent tendanciellement la consommation rapide à l’épargne, contrairement aux gens ayant une plus faible préférence temporelle. Dans ses écrits, Hans-Hermann Hoppe désigne le processus de civilisation comme le fait de voir la préférence temporelle d’une population baisser tendanciellement avec le temps. Il existe plusieurs facteurs structurels qui vont avoir tendance à faire augmenter la préférence temporelle d’une population et donc la faire entrer dans un processus de décivilisation. Le facteur numéro 1 est l’état.

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