Aller sur Mars – II – Quelle appropriation ?

Par , Le 14 avril 2025 (Temps de lecture estimé : 5 min)

Et si l’avenir de Mars dépendait du tout premier à y poser le pied ? Soldat, idéaliste ou flibustier : selon le Premier, tout peut basculer.aller sur mars ii

Ainsi donc, dans les précédents articles, nous avons envisagé quelques conditions fondamentales des voyages vers Mars qu’Elon Musk veut apporter comme nouvel horizon des Peuples de la Terre, à commencer par ceux qui aspirent à la Liberté. Désormais nous voilà proches de lignes « aériennes » interplanétaires : il va s’agir de se préparer à prendre son billet de fusée et faire des valises légères…

Un jour sans doute, on prendra en effet ses billets comme on part pour de longues vacances. Un hôtel sur place, un centre de résidence « all inclusive », trois étoiles ou plus, vendra des packages inspirés des « Deux ans de vacances » de Jules Verne : 9 mois de voyage aller, 6 mois sur place et 9 mois de retour, avec des cabines privatives en fusée et autant de distractions que le séjour sur place. Pour ces voyageurs, un simple contrat comme on en connaît ici-bas pour les croisières en mer pourra suffire, avec les ajustements nécessaires pour s’adapter aux exigences de la vie spatiale et martienne.

Mais avant ces voyages de loisir, il aura fallu envoyer sur la Planète Rouge le personnel de l’hôtel ; avant lui, les entreprises pour le construire ; encore avant, tous ceux qui auront mis en place les premières infrastructures et auront rendu l’endroit vivable ; et encore avant, les premiers pionniers qui auront pris possession des lieux et auront exploré pour fonder le premier village hors de la Terre.

Qui seront ces Premiers ? Qui sera le Premier des Premiers ? Celui qui, 75 ans après Neil Armstrong, saura faire un bond de géant à l’Humanité ? Elon Musk lui-même ? C’est peu probable. Un de ses fils, peut-être. Ou encore un inconnu, un astronaute sélectionné pour ses qualités de commandement. Car cette première mission ne sera pas sans risques, il faudra des êtres d’exception pour accepter de partir si loin, si longtemps, aussi isolés de la civilisation, des secours et du ravitaillement. Un tel profil colle bien à celui de militaires surentraînés et de grande fiabilité. On n’envoie pas comme Premiers des hommes ou femmes trop imprévisibles et indépendants, susceptibles d’initiatives intempestives.

On n’envoie pas sur Mars des libertariens qui vont y fonder Libéralie. C’est très peu probable, surtout si le premier vol est financé par la NASA. Peut-être plus s’il est financé par une Alliance Libertarienne.
Mais alors, si le Premier est un militaire, quel sera le régime politique une fois le sol foulé ? Ou alors, si la Planète lui dit « Don’t Tread on Me » (ne me foule pas), quel sera le régime si le Premier est un libertarien ? Ou si lors d’un voyage sécessionniste, une fusée de libres flibustiers se pose « à l’autre lisière » de la Planète ? Dès ce premier régime, tout se décide, y compris les deux ans de vacances.

Premier est un militaire, un Neil Armstrong. Le sol sera alors revendiqué au nom des États-Unis, Mars deviendra le 51ème état emblématique de la Grande Impérialiste. Pas besoin de se poser la question, la démocratie sera aussitôt exportée sur ce nouveau monde. Les espoirs de Liberté seront envolés.

Premier est un idéaliste, un Elijah Baley. Chez Asimov, Elijah est un enquêteur ; il va de planète en planète pour résoudre les énigmes impossibles. Durant le voyage, Elijah a bien compris les enjeux de Mars pour l’Humanité. Alors un peu avant de se poser, il prévient la Terre. Il a sondé ses équipiers, ils sont tous d’accord. Ils ne planteront pas de drapeau sur le sol. Si la NASA veut récupérer ses milliards investis, elle devra accepter de se contenter de n’avoir d’autorité que sur un territoire réduit : pas plus d’un kilomètre de rayon autour du point d’atterrissage. Sur Terre, tous les Libres les acclament.

Premier est un aventurier, un Han Solo. Han Solo suivait l’atterrissage d’Elijah Baley sur son écran. Il fait partie de ceux qui applaudirent. Il a aussitôt perçu l’opportunité business. Mobiliser son réseau digne de la flibuste pour armer – tel un armateur – un vaisseau qui ne laisse pas le temps à la NASA de tout rafler. Il faut faire vite, il faut être discret, il faut être malin. En entrepreneur, il organise son équipe d’un jeu de contrats : chacun devient actionnaire de la Mars Solo Corp. Bientôt, au nez et à la barbe de la NASA, ils se posent. Mais ils avaient prévenu Elijah, pour qu’il reconnaisse leur terrain. La propriété privée vient de naître sur notre seconde planète. La Liberté peut reprendre de la couleur.

Désormais, les initiatives se multiplient pour occuper de nouveaux territoires. Les contacts se font, le commerce de ressources et de compétences se met en place. Libéralie accueille les nouveaux Libres.
À suivre…

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Stéphane GEYRES

Stéphane Geyres est autodidacte de la Liberté. Sur son chemin, il a écrit ou édité 5 livres - dont Liberté Manifeste - co-fondé le site Libéralie, les Editions John Galt et l'Institut Mises France.