Le GIEC : Guide ou Gourou Climatique ? La Science entre Aide et Autoritarisme

Par , Le 14 avril 2022 (Temps de lecture estimé : 7 min)

Le rapport du GIEC est souvent perçu comme un ultimatum climatique, poussant vers des changements drastiques au nom de la science. Je soutiens une vision plus modérée, où la science guide sans dicter, respectant le choix individuel face aux enjeux climatiques, sans sombrer dans un scientisme prescriptif.

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Vous l’attendiez avec impatience, il est de retour : le GIEC nous fait l’honneur du troisième volet de son rapport et des recommandations qui l’accompagnent. Comme lors du rapport précédent, on nous assure que nous vivrons dans un monde invivable si nous ne baissons pas drastiquement nos émissions de CO2 et que nous ne modifions pas drastiquement nos modes de vie.

Nombreux sont alors les médias, intellectuels et autres faiseurs d’opinion qui se sont indignés et qui appellent au changement “au nom de la science”. Il me semble qu’il serait pourtant sage d’arrêter de demander aux gens de faire quelque chose “au nom de la science”. La science est là pour nous aider à décrire et à comprendre le monde, elle n’est pas là pour nous dire ce qui est bien ou mal et encore moins pour nous dire quoi faire.

Prenons un exemple simple, celui d’un patient qui va consulter son médecin. Ce dernier utilise ses connaissances médicales pour poser un diagnostic puis discuter avec le patient du traitement le plus adapté. On n’imagine pas un médecin imposer un traitement contre son gré à un patient au “nom de la science”, le rôle du médecin est au contraire de présenter au patient toutes les options qui s’offrent à lui et de choisir celle qui lui convient le mieux. D’ailleurs, face à une même maladie et des symptômes identiques, deux patients choisiront parfois des traitements très différents. Peut-être même certains préféreront encore ne pas prendre de traitement, estimant qu’ils s’en porteraient mieux ainsi.

Dans le cas du réchauffement climatique, il me semble naturel que des scientifiques étudient et décrivent le phénomène et ses conséquences sur la vie humaine, mais aussi sur la biodiversité et l’environnement en général. En revanche, il me paraît totalement inacceptable que ces travaux servent de prétexte pour imposer des changements radicaux à toute une partie de la population, et parfaitement injustifié de reprocher à ceux qui s’y refusent de sombrer dans une forme d’obscurantisme. Car ce sont bien ceux qui attribuent à la science une fonction prescriptive là où elle n’a normalement qu’une fonction descriptive qui tombent dans une forme d’obscurantisme, et pas ceux qui refusent de s’y plier.

Ces personnes qui pensent que les scientifiques devraient diriger nos vies se trompent sur ce que nous dit la science. La science ne dit pas : “les choses sont ainsi et personne n’a le droit d’en douter”. 

Elle dit plutôt : “Voici la meilleure représentation de la réalité que je peux donner, en attendant que nous en trouvions une meilleure”.

La science est bien une simplification de la réalité qui nous permet de mieux l’appréhender, la science ne prétend pas détenir la vérité ni une connaissance parfaite du monde.

La climatologie n’échappe évidemment pas à la règle, elle s’appuie sur un certain nombre de modèles qui sont peut-être les meilleures représentations du fonctionnement du climat dont nous disposons actuellement, mais qui malgré cela restent imparfaits[1]. Toute science a donc conscience qu’elle repose sur une part d’ignorance, d’incertitude. Si elle nie cette part d’ignorance, la science devient un culte.

C’est ce culte de la science qui a conduit les gouvernements à forcer leur population à se vacciner contre leur gré, et c’est ce même culte qui leur fera imposer des restrictions de consommation à leurs peuples. Bien sûr, comme pour les vaccins, on nous racontera que l’on agit de la sorte “pour leur bien”. Pour ma part, j’ai la naïveté de penser qu’un adulte majeur est tout à fait capable de comprendre ce qui est bien pour lui et d’agir en conséquence, et qu’il n’a donc nul besoin qu’on vienne lui imposer quoi que ce soit.

Il me semble aussi que, comme dans l’exemple du patient et du médecin que j’évoquais précédemment, chacun est libre d’avoir sa propre appréciation du “problème climatique” mais aussi des “remèdes” qui lui semblent les plus adaptés, voire aucun s’il juge qu’il vivra mieux sans.

La réponse à de telles attitudes se fera alors en deux temps. Dans un premier temps, ces gens seront considérés comme des idiots et moqués. Qui est encore assez bête en 2022 pour ne pas se lancer dans une lutte acharnée contre le CO2 ? Cette première étape ne serait pas un problème si elle ne servait pas à préparer la deuxième. Car dans un deuxième temps, tout comme les non-vaccinés ont été considérés comme les grands responsables de l’épidémie, les plus réticents à agir pour le climat seront érigés en bouc-émissaires. On justifiera alors à leur égard les pires privations de droits et de liberté “au nom de la science” et “du bien climatique commun”.

Après tout, pourquoi tolérer que des gens se comportent de manière égoïste en refusant de faire des efforts pour la planète, alors que l’on sait que cela va contre l’intérêt de tous ? Une telle objection n’est pas simplement naïve, elle est aussi extrêmement dangereuse. Tout d’abord, comme nous venons de le voir, nous ne savons pas, au mieux nous disposons de modèles qui comportent nécessairement une part d’ignorance et d’incertitude.

Mais surtout, qui décide quand émettre du CO2 devient égoïste et à partir de quelle quantité ? Qui se verrait actuellement reprocher aux ukrainiens d’avoir fui le pays en avion ou en voiture malgré les émissions en CO2 que cela représentait ? Qui peut reprocher aux pays émergents d’avoir aussi massivement recours aux énergies fossiles car sans elles leur population ne pourrait ni se chauffer, ni vivre ? Ces exemples peuvent paraître excessifs, mais ils ont le mérite de montrer que personne, et surtout pas un quelconque rassemblement scientifique, ne peut se permettre de donner un niveau d’émission de CO2 optimal et encore moins moralement acceptable. Ces considérations sont purement personnelles et personne ne peut y apporter une réponse universelle.

Même dans nos pays développés, les mesures suggérées par le GIEC seront tout sauf indolores pour les habitants des pays qui les suivent, puisqu’il s’agit en résumé d’accepter de baisser drastiquement nos niveaux de vie. Concrètement, cela signifiera accepter de moins nous déplacer, de moins nous chauffer, de manger moins de viande…Dès lors, j’avoue ne pas comprendre en quoi il serait égoïste de ne faire “suffisamment” d’efforts pour le climat au motif que cela pourrait avoir des conséquences sur autrui mais pourquoi cela ne le serait pas d’imposer à autrui des mesures pour lesquelles on a la certitude que sa vie s’en retrouvera bouleversée.

Si certaines personnes estiment que ces changements sont nécessaires qu’elles les adoptent pour elles-mêmes, mais elles ne peuvent pas avoir recours à la contrainte (réglementations absurdes, éco-taxes et autres réjouissances) pour amener d’autres à suivre le même chemin. Malheureusement, je ne doute pas un seul instant que nombreux seront ceux qui se croiront investi de la mission presque divine de sauver le climat, aveuglés par l’idée qu’ils luttent contre l’obscurantisme et que la science est avec eux. Ignorants de leur ignorance, ils voudront décider de vos vies sans voir qu’ils ne sont que des apprentis sorciers et des tyrans en devenir.


[1] A mon sens, ce point est d’autant plus valable dans le cas du climat où la simple utilisation de modèles probabiliste est contestable puisque que comme le montre le mathématicien Benoît Rittaud, nous sommes peut-être davantage dans une situation d’ignorance que d’incertitude. Si malgré tout nous devions utiliser des modèles, il est crucial de le faire avec une infinie précaution.

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