Cet article dépeint l’or comme symbole intemporel de valeur, traversant l’histoire humaine jusqu’à défier les devises modernes. Il souligne son rôle inébranlable comme refuge économique, tout en examinant ses défis contemporains, notamment face au Bitcoin et aux innovations technologiques.
L’Or, dans le tableau périodique des éléments, occupe la place 79 et porte le symbole « Au ».
Jamais matière naturelle n’aura déchaîné tant de passion à travers l’intégralité de l’expérience humaine. De fait, ce métal aux propriétés mystérieuses, aussi bien incorruptible que difficile à extraire, a été sélectionné par Sapiens pour être la monnaie ultime.
Les premières traces archéologiques de la transformation et de l’usage de l’Or ont été identifiées en Bulgarie, sur les bords de la Mer Noire, à Varna, au sein d’un trésor funéraire datant d’environ 4.500 ans avant la naissance du Christ. Le très fameux masque de Toutankhamon date lui d’environ 1.350 avant JC.
C’est surtout les premiers usages clairement monétaires qui nous intéresseront ici. En effet, qui dit monnaie, dit étalon clair de détermination de la valeur et donc des prix de marché. Cet événement, à quelques décennies près, serait concomitant avec la composition des textes homériques, donc environ 700 ans avant la naissance du Christ, plus précisément en Lydie. Tout un paysage mental où se croisent le roi Midas, le fleuve Pactole chargé d’Electrum (alliage naturel d’Or et d’Argent) et les côtes d’Asie-Mineure se dessine devant nous.
La monnaie métallique sous forme de jetons d’Or et d’Argent est une invention grecque, donc européenne et occidentale. Tout l’univers monétaire occidental et de facto mondial sera dès lors connecté à l’Or jusqu’au 15 août 1971 et la très fameuse fin des accords de Bretton Woods annoncée par Nixon. L’Or était en effet un carcan trop fort, limitant largement les abus monétaires inhérents aux Etats.
Car l’Or n’est en effet la propriété d’aucun Etat. Il n’est fabriqué par aucune Banque Centrale. C’est un produit naturel plus ou moins transformé. Il est tout simplement la propriété de celui qui le détient dans sa poche. Il est infalsifiable, très facilement reconnaissable, et d’une stabilité extrême dans le temps. Sa densité extrême lui permet de contenir une quantité de valeur énorme dans un volume réduit. Aussi, il joue le rôle de « preuve de travail » au sens où son existence démontre son extraction et sa transformation. Il est donc l’outil rêvé de conservation de la valeur dans le temps.
Toute l’histoire du XXème siècle aura été celle de la décorrélation de la monnaie Or et de la monnaie dite « à cours légal » (ou Fiat). Après une phase de bimétallisme avec l’Argent, c’est le fameux « étalon Or » qui devient le système prépondérant à la toute fin du XIXème siècle.
La Première Guerre Mondiale sonnera le glas de ce système vertueux qui aura accompagné la croissance économique de la Belle-Epoque. En effet, la grande boucherie européenne orchestrée par les Etats ne peut pas durer plus de quelques mois dans un système bridé par les stocks d’Or disponible. Via le système du « Cours Légal », on force l’emploi de la monnaie papier partout.
Les années 20 seront celles de la tentative d’un retour au système Or, via différent procédés. Mais là encore arrive 1929 et ses suites. Aux USA, le Président Roosevelt interdit en 1933 la détention d’Or pour les particuliers américains. Il faut en effet trouver les leviers monétaires pour financer le New Deal. Il s’agit là d’une des pires privations de liberté de l’Histoire humaine (les citoyens américains ne seront pas dupes et finalement la collecte de l’Or fonctionnera plutôt mal). L’après Seconde Guerre Mondiale sera la période des accords de Bretton Woods, dénoncés par Nixon en 1971. Le Dollars devient la seule devise à être convertible en Or.
Depuis le 15 août 1971, l’Or ne joue plus aucun rôle dans le système monétaire international. Il est la « relique barbare », servant d’immobilisation comptable dans les coffres des Banques Centrales et d’outil de stockage de valeur pour les particuliers. Il est en effet plus commode de payer son garagiste avec des Euros qu’avec des Napoléons.
Bien qu’existant en réalité en quantité proche de l’infinie dans l’Univers, on estime la quantité d’Or extraite des entrailles de la Terre depuis l’aube des temps à environ 200.000 Tonnes. Ceux qui ont tenu un lingot dans la main le savent… la densité de ce métal est énorme. Cette densité, quasiment identique au Tungstène (souvent employé pour fausser les lingots par fourrage), est de 19,32. La densité du Plomb est de 11,35. Parmi les métaux connus du grand public seul le Platine fait mieux avec 21,45.
Aussi, l’ensemble du stock d’Or disponible, occupe un volume cubique d’à peine plus de 20 mètres de côté.
Pour vous faire une représentation mentale, prenez l’Arc de Triomphe de Paris, prenez ensuite un seul des quatre piliers. Et vous avez tout l’Or du monde devant vous. Oui, l’intégralité du stock extrait. Ce cube d’Or a plus que doublé au XXème siècle, grâce aux mines australiennes et sud-africaines et grâce également à l’amélioration des techniques de minage. Le stock mondial, en moyenne, grossit aujourd’hui d’environ 1% par an.
A côté de ce cube d’Or, il faut se représenter un Everest colossal de monnaie Fiat, dont la vitesse d’augmentation est exponentielle (doublement de la masse monétaire mondiale depuis 2020).
Aussi l’Or est une des matières les plus recyclée sur Terre. Les pertes sont très marginales (essentiellement des trésors perdus). Si le masque mortuaire de Toutankhamon avait été retrouvé non pas par Howard Carter et ses équipes, il l’aurait été par un pilleur de tombe égyptien qui l’aurait tout simplement… transformé en lingot.
Aujourd’hui, une part majeure de l’industrie mondiale du recyclage et de l’affinage de l’Or est centralisée en Suisse, via les grandes fonderies helvétiques (Metalor, Argor, Pamp, etc.).
Les dangers pour l’Or sont l’énergie en quantité illimité, permettant son extraction tous azimut et donc une potentielle augmentation massive du stock disponible ; et également le Bitcoin, qui est en réalité bien plus rare que l’Or et qui joue des fonctions analogues (émission non-étatique, infalsifiable, grande valeur contenue, etc.).
L’Or possède néanmoins l’avantage d’être Low-Tech. Nul besoin du Net pour l’utiliser. Mais il peut être plus difficile à transporter qu’un cold-wallet sur des trajets transfrontaliers.
L’Or reste un incontournable pour l’homme jaloux de sa liberté. C’est l’outil de la radicalité, le parfait antagoniste de la monnaie-dette étatique des voleurs d’énergie. Sa détention, si possible, est un impératif.