John Trudell célèbre l’indépendance de la Great Sioux Reservation, obtenue après des années de luttes et de discours percutants. Cet acte marque le début d’une nouvelle ère de souveraineté et de liberté pour les tribus amérindiennes du Dakota du Sud.
Dans un autre monde, dans une autre vie, John Trudell se réveille, chez lui, chez les Sioux Santee (ou Dakota) dont il a hérité du sang par son père. Les vastes plaines de la vallée du Missouri hébergent la Great Sioux Reservation où il réside. Avec lui dans cette Réserve, des Cheyennes, des Crows, des Rosebuds portent encore les multiples facettes de la culture Sioux de cette belle région.
John Trudell est un célèbre activiste amérindien de la Liberté. Il explique à longueur de discours son approche de la Liberté pour les Sioux, sa légitime revendication de sécession (extrait du discours). Elle tient en une phrase, simple et magnifique :
« Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est la libération. »
Ce matin, les journaux titrent sur son succès de la nuit dernière : L’état du South Dakota a accordé son indépendance à la Great Sioux Reservation ! Il faut dire que depuis plusieurs années, dans tous les États-Unis, la Sécession est sur toutes les lèvres. Il faut dire que le Texas a tenté plusieurs fois un #Texit et que la Californie s’est déjà découpée en cinq Provinces autonomes, qui déjà négocient leurs sièges au sein de l’Union. Il faut dire, surtout, que John a su mobiliser ses frères et impressionner ses rares adversaires par un discours mémorable, dont voici un extrait qui nous explique comment faire :
« Nous voulons être libres d’un système de valeurs qui nous a été imposé. Nous ne voulons pas participer à ce système de valeurs. Nous ne voulons pas changer ce système de valeurs. Nous voulons le retirer de nos vies, à jamais. Nous voulons être libres. Mais pour être libres, nous devons assumer nos responsabilités en tant que puissances, en tant qu’individus, en tant qu’esprits, en tant que peuple de la Terre. Nous devons aller au-delà de l’arrogance des droits de l’Homme. Nous devons aller au-delà de l’ignorance des droits civils. Nous devons entrer dans la réalité du Droit naturel. »
Ce matin, il doit se rendre à la première Réunion des Sioux Libres, après tant de négociations entre les différentes tribus pour convenir de l’organisation future de leur territoire. Cette réunion lancera l’Assemblée Sioux qui animera la mosaïque de terres qui constitue la Réserve libérée. Il a ainsi été convenu, des traités ont été signés selon les rites anciens par chaque tribu, que chaque tribu aurait son territoire de pleine souveraineté. Chaque tribu s’y organisera à sa guise, sans doute comme elles l’ont toujours fait, autour de leur chef et de leur Medecine Man du moment. Et du Grand Manitou. Les cultures des anciens peuples pourront se perpétrer, si leurs enfants et si la Vie le désirent encore.
Néanmoins, parce que les bisons ne connaissent pas les frontières, tout a été discuté pour qu’ils puissent continuer à s’associer entre tribus pour organiser et mener les grandes chasses. Aussi, sachant très bien que leur avenir économique passe en grande partie par le tourisme et l’artisanat, les tribus ont convenu d’investissements importants pour la promotion commerciale de leurs artistes, tout en veillant bien à laisser faire toutes les initiatives de leurs entrepreneurs de talent.
Cet accord de l’état du South Dakota fut le résultat d’une longue négociation, menée par John et les différents Chefs. À la capitale, Pierre, héritage de la Louisiane française, ils ne furent pas longs à comprendre leur intérêt dans l’opération. Les deux Dakota ne sont pas très riches, ils sont loin de Washington, loin des grandes manœuvres financières et des dollars des industries d’armement. À l’Union, ils ont donné bien des jeunes pour des guerres lointaines. En retour vint surtout la fiscalité.
Dans une Union secouée de projets sécessionnistes venus de toutes parts, la tranquille ville de Pierre prépare la Sécession du Sud Dakota, éventuellement conjointe avec son état frère du Nord Dakota. Les dirigeants du Sud espèrent aussi attirer les appétits des Américains de plus en plus à l’étroit dans les états de Nouvelle Angleterre, devenus autant d’enfers Démocrates, voire des enfers Républicains. La Sécession a besoin de belles énergies, d’entrepreneurs, d’hommes restés des Hommes, des Libres.
Dimanche, John prendra le volant pour aller dans le nord, dans les montagnes du Montana, à la frontière avec le Canada, chez les Blackfeet. Il a là des amis de longue date, qui écoutent depuis longtemps ses discours et les textes de ses chansons. Il y va pour leur parler de son expérience des tribus Sioux qui ont su effacer les vieilles querelles pour se rassembler dans la résistance envers leur seul véritable ennemi, ce Léviathan qui se prend pour le Grand Esprit. Il y va pour semer la Sécession.
Le temps serait peut-être enfin venu pour les Amérindiens de retrouver leur souveraineté sur les terres de leurs ancêtres. La tentation du pouvoir est là, Léviathan la lui sonne aux oreilles. John y veille ; il veille à ne pas tomber dans le piège ; il veille à rester un troubadour, une Voix de la Liberté.