Les Jeux Olympiques à Paris sont derrière nous, mais soulèvent une question cruciale : dans un monde véritablement libre, peuvent-ils encore exister sous leur forme actuelle ? Ce texte imagine des JO entièrement privés, où l’initiative individuelle et l’absence d’État redéfinissent les règles du jeu.
Voilà, il y a quelques jours que les chers – très très chers – Jeux Olympiques (JO) à Paris et leur mise en Seine sont désormais derrière nous – ouf ! Clairement, une telle organisation, un tel événement ne peut être vu que comme une immense œuvre de propagande nationaliste, où l’individualisme et la concurrence absolus du sport de haut niveau sont ainsi transformés et travestis en moment de culte et d’union nationale, où le nombre de médailles fait un moment oublier la dette et l’inflation.
Mais justement, ces Jeux Olympiques, ces jeux où l’on pique, symboles s’il en est de l’état moderne cher à Paul Leroy-Beaulieu, sont-ils inconcevables dans un monde libre, dans la Libéralie que j’appelle de mes vœux ? Quelles formes pourraient-ils prendre, comment les intégrer à une vie 100% privée ?
On le sait, le monde libre sera un monde mosaïque, où l’ensemble de notre planète sera découpé en milliers – millions ? – de petits territoires de pleine propriété privée, territoires-entreprises souvent avec des empereurs-entrepreneurs, offrant des services d’hébergement comme bien d’autres, aux Hommes qui auront alors su faire éclore la Liberté reçue en cadeau des générations précédentes.
Dans ce monde, comment imaginer des Jeux Olympiques ? Il convient clairement de repartir de la structure des territoires, car le sport bien souvent a besoin de vastes infrastructures, donc de surface au sol, pour s’exprimer. En l’absence de vastes pays comme la « France » dans un tel environnement, on voit mal comment un micro-territoire de la surface d’une commune moyenne pourrait soudain se transformer pour organiser des JO, cela à la fois en termes de finances et d’équipements disponibles.
Par contre, une signature de Libéralie, comparé au monde actuel, tient aux entreprises qui sont les propriétaires de chaque îlot de la mosaïque. Chacune, selon les caractéristiques de son territoire et selon son génie commercial, choisira de spécialiser les services offerts sur son sol. Classiquement, par analogie avec les pays d’aujourd’hui, on pense à des offres d’hébergement, tout comme des hôtels ou des navires de croisière peuvent proposer de nous héberger chez eux. Mais pourquoi exclure qu’un « pays » devienne un « Parc Euro-Disney »… ou un Parc sportif dédié à la compétition ?
On dispose bien à ce jour de Stations de Sports d’Hiver, pourquoi ne pas imaginer disposer de Stades Olympiques offrant en continu des services d’accueil des sportifs et organisant plus ou moins régulièrement des épreuves de dimension internationale ? Il y a bien des avantages à une telle organisation entièrement privée de tels événements, la première étant sans doute qu’elle n’exige aucune espèce de fiscalité ni de dette envers les « citoyens » devant subir un Paris mis en barrières.
Il est donc tout à fait vraisemblable qu’avec le temps, une poignée de « Stades Olympiques » de par le monde aient acquis assez de compétence et de réputation pour que chaque année, l’un en Europe, l’autre en Amérique, le troisième en Afrique et un dernier en Asie, organise ses JO spécifiques, à sa manière à lui, pour les épreuves qui conviennent le mieux à sa configuration et à ses installations.
Mais rien ne nous empêche d’aller plus loin – la seule limite à l’esprit d’entreprise est l’obligation qui lui est faite de trouver sa demande, alors que l’esprit étatique n’a d’obligation que d’assurer sa propagande. Car la concurrence règne et veille, dans le monde libre. Chaque pays peut, par exemple, devenir célèbre pour son épreuve sportive spécifique, comme l’Île de Man l’est de nos jours pour sa course folle de motos sur les routes du tour de l’île. Ou tel autre « Pays du sport » pourra briller par ses exigences en matière de lutte antidopage, ou tel autre pour ses épreuves exclusivement dédiées aux membres de l’espèce humaine présentant deux chromosomes X et une aptitude à l’enfantement.
Bien sûr, ces divers territoires sportifs pourront faire équipe et s’associer pour organiser un long tournoi d’épreuves itinérantes, un peu comme les Compagnons le faisaient pour leur apprentissage d’un métier d’artisanat. Selon le succès, ils évolueraient pour s’associer avec leurs territoires voisins spécialisés dans l’hébergement afin que ceux-ci assurent l’accueil des spectateurs en surnombre. Vous me direz que, finalement, c’est un peu comme les grandes villes sportives, mon histoire. On y retrouve les infrastructures qui font le succès des villes qui organisent les JO du monde actuel.
Pas tout à fait, voyez-vous. Car dans ce monde, les investissements sont faits exclusivement et intégralement par des entrepreneurs prenant le risque de se tromper et de faire faillite. Car dans ce monde, les épreuves proposées sont celles que les sportifs et les spectateurs ont décidé ensemble de pratiquer et de venir apprécier. Car dans ce monde, personne n’est mis derrière des barrières en sortant de chez soi sous prétexte de sécurité. Car dans ce monde, il n’y a ni Seine ni cène polluée. Car dans ce monde, les JO sont une occasion de plus de manifester la paix entre gens libres et civilisés.